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Etre compris…

Etre compris…
Etre compris…

Etre compris

 

Il rentre du travail, en train, complètement découragé par sa journée.

Alors il téléphone à sa femme pour lui demander de venir le chercher à la gare car il est surchargé.

 

Elle : » C’est impossible. Je dis aller chercher J. au judo et conduire S. À la musique. »

 

Lui: Essaie de venir. C’est vraiment trop lourd pour moi. »

 

Elle s’est arrangée en demandant l’aide des voisines. Elle arrive à la gare pour voir que son mari ne porte que son attaché-case….

Elle est furieuse : » Et alors,tu m’as dit que tu étais chargé. J’ai dû faire toute une recherche pour qu’on s’occupe des enfants. »

 

Lui tristement : « C’était si lourd cette journée au travail que j’avais besoin de

Photo Anne d'Huart

Photo Anne d’Huart

t’en parler de suite. Peux-tu comprendre ? »

 

Il n’était sans doute pas très clair ce monsieur fatigué. Il n’osait peut-être pas

dire ses sentiments au téléphone. Il y a comme une timidité à exprimer sa tristesse, ; on balbutie des mots obscurs car on n’ose pas dire sa fragilité ou ses erreurs.

 

 

 

 

Avez-vous déjà vécu l’expérience d’avoir être compris lors d’une difficulté que vous avez énoncé plus ou clairement ? Ou d’avoir été saisi lors de l’enthousiasme d’un projet ?

 

Lorsque j’ai été rejointe l’une ou l’autre fois dans ce qu’étaient mes sentiments, j’ai eu un tel sentiment de légèreté telle que j’avais l’impression de léviter comme le meilleur des fakirs. J’avais envie de danser…

Légère          Photo A.d'Huart

Photo A.d’Huart

 

C’est un cadeau que l’on fait aux autres lorsqu’on les rejoint à l’intime d’eux-mêmes.

Comprendre et être compris, c’est le but de la communication interpersonnelle. Entendre les mots, les soupirs, les regards, les gestes à défaut de pouvoir entendre les battements de coeur 1.

 

« Ce n’est qu’en écoutant qu’on peut entendre la chanson des mots. » KRISHNAMURTI

 

 

 

 

 

 

 

 

1Jan-Philip KENEL, L’art d’écouter les battements de coeur, Ed.J.Cl.Lattès

Un regard. Mais quel regard?

Un regard. Mais quel regard?
Un regard. Mais quel regard?

UN REGARD. QUEL REGARD ?

 

Comment voyez-vous les gens ?

Envie de juger les comportements des enfants, les travers des gens.

Quel regard?

Quel regard?

 

En disant aux enfants quels sont leurs défauts, les parents croient qu’il est utile de les souligner pour les faire disparaître. Mais je pense que les parents ne sont pas conscients des ravages qu’ils provoquent.

Une fillette à qui l’on a dit : »Tu chantes faux » n’a jamais osé rejoindre un choeur, ni même chanter tout haut.

On a dit à une jeune fille vive qui voulait devenir infirmière : «  Tes pauvres malades. »  Sa vocation s’en allée à la poubelle…

 

Voila des paroles qui bloquent toute initiative, boycottent tout désir.

Je me souviens d’un très vieux monsieur, presque sur son lit de mort qui me racontait avec tristesse: « Mon père me disait : »Tu es trop bête.. »  Des dizaines d’années étaient passées et la souffrance était toujours là…..

 

 

Donner ce genre d’avis à des amis , c’est se placer en position supérieure, comme sur une estrade.

A celui qui veut prendre des risques, « Tu n’y arriveras pas ». « Tu ne sais pas y faire. » »Tu es incapable… »

 

C’est le 5e obstacle à la communication, peut-être le pire des feux rouges : le jugement.

L’autre n’aura plus aucune envie de vous partager quoi que ce soit.

Ce qui ferme la communication

Ce qui ferme la communication

 

 

 

 

 

 

 

 

Pouvoir observer de manière neutre, décrire les choses comme l’objectif d’un appareil de photo.

Oui, un regard peut être un coup de fusil ou un sourire.

 

Comme Lucine dans le beau roman de Laurent GAUDE, Danser les ombres,

« Elle regarde…note les rides sur le front, le corps qui s’est épaissi, cette jambe boîteuse, elle note l’usure, la fatigue mais pas pour s’en moquer, plutôt pour essayer d’y lire la vie qu’il a menée… »

 

Regarder pour lire l'autre

Regarder pour lire l’autre

Peinture de F-X. de Boissoudy

 

CONSEILLER

CONSEILLER
CONSEILLER

QUATRIèME FEU ROUGE

Il y a une chose dont nous sommes toujours très généreux , c’est pour donner des conseils… dans toutes les situations et avec tout un chacun. Même si nous argumentons de manière très logique :

« Les faits sont là. » « Voila en quoi tu te trompes. »

Une voisine se plaint que sa fille ne fait que lui dire des paroles blessantes, des reproches. Peut-être a-t-elle, durant longtemps, dit à sa fille :

 » Si j’étais toi, je ferais ceci ou cela. »   « Pourquoi ne pas faire comme cela ? » « La bonne solution serait de… « 

Ce qui ferme la communication

Ce qui ferme la communication

 

C’est comme si l’autre n’était pas capable de résoudre lui-même ses problèmes. C’est l’empêcher de réfléchir pour prendre lui-même ses décisions. Cela provoquera la dépendance de l’enfant alors que nous souhaitons qu’il devienne adulte, libre et indépendant. Ou de la résistance, comme la jeune fille ci-dessus.

Laisser à l’autre, à l’enfant le choix de la décision.Ce n’est pas facile pour les parents qui entrevoient déjà les conséquences négatives de ces choix. Il n’est pas facile de se taire !

 

Vous me direz mais alors, on ne peut plus donner de conseils à quiconque ?

Bien sûr que si, mais il faut absolument que ceux-ci soient expressément demandés.

 

 

Le sens de la famille

Le sens de la famille
Le sens de la famille

Le sens de la famille                  Tout peut être jouet

 

D’abord, il pleut des enfants : les familles ont entre 3 et 14 enfants ! Mais la moyenne est de 10. Ce que l’on trouve très normal ! Pour les congolais, ce n’est pas un problème car ils comptent sur ces enfants grands pour les aider dans leur grand âge.

 

Des petits, on en voit partout : dans le dos de leur maman, dans les bras des soeurs, même très petites, dans les rues, dans les cases. Les enfants courent pour nous saluer, nous les blanches (il n’y en que très peu à Mbandaka1) en criant «Mundele , Mundele», ce qui signifie « blancs ».

Quelques enfants parmi les 600 du village

Quelques enfants parmi les 600 du village

 

 

 

 

Ils sont tout sourires jusqu’à l’adolescence , puis leurs visages se ferment. Les hommes

On apprend tôt le métier de maman

On apprend tôt le métier de maman

sont sérieux et les femmes ont l’air triste.

 

 

 

 

 

 

Les femmes sont épuisées et vieillies avant l’âge. Tandis que les hommes ont une hutte qui leur destinée pour se reposer durant le jour de la très grande chaleur ! ce sont encore elles qui vont chercher le bois dans la forêt pour cuisiner. Ce sont les femmes congolaises qui soutiennent le pays, me disait un ami congolais. Sans elles, le Congo s’écroulerait.

Maternités trop nombreuses

Maternités trop nombreuses

 

La famille, ce n’est pas seulement père, mère et enfants mais c’est aussi le neveu orphelin, l’étranger qui a des problèmes. Cet accueil qui leur semble tout-à-fait normal, comme inscrit dans leurs gênes, manque aux congolais émigrés en Europe. Ils se sentent libérés de la faim mais ne se sentent pas heureux, paraît-il. Un ami a donné tout son temps pour nous faire visiter et nous accompagner selon nos désirs car l’étranger, l’invité est la personne la plus importante tant qu’elle est présente.

 

D’ailleurs , on ne dit jamais Madame Unetelle ou Monsieur X. Mais tout naturellement « Papa Jean «  ou « Maman Joséphine ».

 

Qu’on soit soeur, frère, tante, oncle ou cousin, on entre à toute heure dans la maison pour dire bonjour et on s’installe pour parler… Nous avons été très étonnés de voir débarquer, sans prévenir, dans la maison que nous occupions, le frère, la soeur, l’ami, le travailleur.

La barza, ce nom bizarre hérité du portugais, est une terrasse couverte, comme une avancée de la maison. Elle permet une activité absolument importante là-bas: la palabre. Ainsi plein de gens sont venus nous voir pour discuter, nous raconter ce qu’ils faisaient ou nous demander conseil.

 

Lorsqu’un ancien est malade, on l’entoure constamment de soins et d’affection (toutes les autres occupations cessantes) jusqu’à son décès.

 

Il est très difficile de faire comprendre aux Africains qu’il est bon de s’éloigner de certains malades contagieux pour éviter la contamination avec le reste de la famille. C’est ce qui favorise la propagation d’Ebola en Afrique de l’Ouest.

 

Bernard UGEUX, anthropologue et missionnaire, explique : « En Afrique, exister, c’est d’abord être avec. Ce qui renforce la santé d’une personne dans l’épreuve, ce sont les bonnes relations. »

 

Et lorsque quelqu’un meurt, on fait la fête et joue de la musique jour et nuit… pour consoler les endeuillés !

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1Sur une population de 65.000 habitants, il y n’y a qu’une douzaine d’Européens.